Soja et ménopause

Sommaire

soja Thinkstock

 

Longtemps, le traitement hormonal substitutif (THS) a été le meilleur moyen de lutter contre les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, sécheresse vaginale…).

Cependant, en 2002, des études parues révèlent les risques associés à son utilisation. Beaucoup de femmes se tournent alors vers le soja pour pallier les inconvénients de la ménopause. Qu'en est-il vraiment ? Réponse maintenant.

Bienfaits du soja pour l'organisme

Le soja est une légumineuse d'origine asiatique poussant préférentiellement dans les zones tempérées et subtropicales :

  • C'est une plante riche en fibres alimentaires, en protéines végétales et en nutriments tels que le phosphore et le magnésium.
  • Il contient également des phyto-hormones, les isoflavones, qui se comportent comme les oestrogènes, bien que dans une moindre mesure, d'où leur nom de « phyto-oestrogènes ».
  • L'action des isoflavones varie selon le type et l'équilibre hormonal de la personne qui les consomme : elles peuvent bloquer les effets des oestrogènes ou combler les besoins de l'organisme en hormones. Ces isoflavones sont également des anti-oxydants.

Les phyto-oestrogènes sont présents dans de nombreux végétaux (soja, thé, pois chiches, céréales…). Ils ont une structure chimique proche de celle de l'oestrogène, hormone sexuelle féminine dont le taux diminue lors de la ménopause, occasionnant divers symptômes hormono-dépendants.

C'est pourquoi au début des années 2000, les phyto-oestrogènes sont apparus comme une solution de remplacement au TSH.

Bon à savoir : toutes les femmes ne ressentent pas les effets de phyto-oestrogènes. En effet, 40 % des femmes n'y répondent pas.

Soja et ménopause : de la gloire à la chute

Années 90 et début 2000

Avec la polémique créée par les risques occasionnés par la prise de TSH, le soja et ses propriétés phyto-oestrogéniques prend alors des allures de sauveur.

Des études montrent que les femmes asiatiques, grandes consommatrices de soja, ont une ménopause qui s'accompagne de beaucoup moins de symptômes.

Les scientifiques se penchent alors sur le soja et ses bienfaits supposés : réduction des bouffées de chaleur, réduction des maladies cardio-vasculaires, de l'ostéoporose, des triglycérides sanguins…

En 1999, la FDA autorise l'allégation santé relative au soja concernant la réduction des maladies coronariennes sur les produits contenant du soja.

Mais la polémique existe…

Au cours des années 2000, les publications scientifiques se multiplient amenant à des conclusions bien moins positives que précédemment : le soja pourrait être un risque pour les cancers hormono-dépendants, pour les enfants qui seraient en contact avec des substances perturbatrices endocriniennes, présenter une interaction avec certains médicaments traitant l'hypothyroïdie, la possible carence calcique.

De plus, le soja contiendrait des inhibiteurs bloquant l'action d'enzymes indispensables à la digestion ou serait à l'origine d'une baisse de la fertilité.

Cependant, il faut rappeler aussi certaines limites à ces études :

  • les protocoles diffèrent beaucoup ;
  • le modèle animal est souvent retenu dans ces études ;
  • les sources de phyto-oestrogènes et leur mise à disposition ne sont pas comparables.

En résumé, comment utiliser ces conclusions quand les partis pris initialement sont si éloignés !

Conclusions actuelles

Les dernières études en date (Arch Intern Med, 2011 – Archives of internal Medicine, 2011 – AHA, 2006 – Agency for healthcare and quality, 2005) concluent que les phyto-oestrogènes n'ont pas démontré leur efficacité en ce qui concerne :

  • la qualité de vie : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, sécheresse vaginale ;
  • ostéoporose ;
  • un effet bénéfique sur la fonction vasculaire ;
  • un effet bénéfique sur les lipides sanguins (diminution du cholestérol).

Il faut également rester prudent face aux risques d'allergie.

Elles mettent en avant que la source alimentaire de phyto-oestrogènes ne présentent pas les mêmes « risques » que la prise de compléments alimentaires qui n'ont pas de suivi aussi strict dans leur production que les médicaments. La dose prise pouvant être problématique, il faut être rassurant quant à la dose disponible via l'alimentation, qui elle, ne pose pas de problème.

Soja : les questions qui restent en suspens

Restent à étudier plusieurs interrogations, notamment concernant l'effet protecteur cardio-vasculaire chez certains groupes de femmes ; son effet protecteur potentiel sur le cancer ou au contraire son incidence sur sa survenue.

En effet, les études n'ont pour le moment pas conclues unanimement sur ce sujet, ainsi que l'effet d'une alimentation riche en soja sur l’athérosclérose. Si on observe une diminution du cholestérol, celle des triglycérides est plus aléatoire.

Une question également récurrente est le rapport entre la dose et le bénéfice. Les doses supérieures à 55 mg/jour de Génistéine (isoflavone de soja) n'ayant pas fait la preuve de leur innocuité.

Les futures études devront également se pencher sur l'éventuelle amélioration des fonctions cognitives :

  • Les phyto-oestrogènes, et notamment ceux issus du soja, ont fait l'objet de nombreuses études scientifiques afin d'évaluer leur intérêt dans le traitement des symptômes de la ménopause.
  • Leurs résultats sont souvent contradictoires. Cependant, les dernières études parues ont permis de conclure que les phyto-oestrogènes n'ont pas de bienfaits reconnus sur la qualité de vie, la sécheresse vaginale, les maladies cardio-vasculaires, l'ostéoporose ou le taux de cholestérol.

Aussi, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) recommande la prudence sur les compléments alimentaires contenant du soja, notamment concernant les doses ingérées, pour les personnes ayant eu un cancer hormono-dépendant.

Par contre, le soja reste une ressource alimentaire intéressante lorsqu'elle est intégrée à un régime alimentaire équilibré et varié.

Pour aller plus loin :

Ces pros peuvent vous aider